à deux villes d’intervalle
ils ont regardé l’horaire des trains
à la même minute
ils ont mesuré l’envie
trois heures à tuer
il n’y a pas loin de la pomme au pommier
au drugstore elle a pris un parfum fruité
un tube de rouge et des bonbons menthol
au kiosque de gare il a pris un magazine pour homme
un six-pack de bières et des préservatifs
il n’y a pas loin du tango à l’accordéon
à la même minute
à deux cent kilomètres de distance
elle a commandé un gin
il a décapsulé une canette
à la même minute
elle a maté un client au comptoir
il a reluqué une fille plus loin que sa revue
il n’y a pas loin de la jupe au désir
au troisième gin il s’appelait Antonio
fumait du tabac brun et lui parlait d’une ville blanche
à la troisième bière elle s’armait d’un sourire
il entamait sa roucoulade
il n’y a pas loin de l’avoine à la faux
à la même minute
à une demi-heure des retrouvailles
ils ont pris la tangente
à la même minute
ils se réinventent une vie
une mèche à consumer
il n’y a pas loin du crachat au bitume
au sixième gin elle l’a suivi dans sa voiture
un accroc à sa jupe
il manque un kleenex dans la boîte à gants
à la sixième bière il l’emmène aux toilettes
une encoche à son cœur
il manque un préservatif dans la boîte à conquêtes
il n’y a pas loin du noyé à la rambarde du pont
à la même minute
à l’exact rendez-vous
il n’y a personne
à la même minute
elle dégueule dans un parking souterrain
il prend un ticket pour l’enfer
quel chemin amer du pommier à la pomme
quelle trajectoire torve de la pomme au pommier
il y a parfois trop loin
une minute trop loin
like a rolling stone comme disait Robert Allen Zimmerman
4 mai 2009
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