1440 minutes

1440 minutes
editions d'autre part

vendredi 9 octobre 2015

le cagnard cogne


Le cagnard cogne.

Comme une pluie de graviers sur le chien qu’on ne connait pas, sur le boumian qui sent l’ail, sur l’étrangère qui veut nous imposer sa marmaille.
 
Le cagnard cogne.

Et dzim ! et dzam ! Comme une ligne électrique à haute tension qui tombe sur le bétail, comme la lanière du fouet sur les peaux condamnées, comme la bêtise sur une tige de coquelicot.

Le cagnard cogne.

Je suis couché sous la chorégraphie des pistons dans la salle des machines. Je ressens des mouvements de pulsion dans mes tuyauteries. J’esclandre et je purge. J’entends les détonations dans les clapets. Ça fume, ça siffle. Le diable a fait fortune dans ces recoins. Je vocifère et je pêche. La mort remet sa petite culotte.

Juste après le moment précis de la bombe H, du grésillement du bombyx, de la frénésie du bambou. Juste après l’iconographie des assassinats de taureaux, juste après l’hydrométrie des larmes des chamelles, juste après l’épuisement des chattes cancéreuses.

Le cagnard cogne.

Pourquoi ces relâchements ? Pourquoi ces mugissements ?

Des enfants pissent contre les cyprès du cimetière. Des enfants crachent dans le sens du vent. Des enfants piétinent les tomates destinées à la cantine.

Que cogne le cagnard sur la cabosse des femmes rebondies !
Que cogne le cagnard sur le caillebotis des anges !

La femme pacotille a pendu son voisin aux baleines de son soutif. Elle collectionne les métacarpes de ses amants pour en faire des pendants d’oreilles, qu’elle vend sur le marché à touristes.

Des monceaux d’envies d’amour s’évaporent de la plage. On a besoin de vent et d’un peu de compassion. Un tourteau imbécile grince de la pince au passage d’une naïade. Je lui promets une recette de rouille et de piments. La naïade se déguste en agrumes. Et en papaye, le dimanche.

Que cogne le cagnard sur le croupion du coq en coqueluche !
Que cogne le cagnard sur la conque des femmes rétives !

L’orthophoniste exerce l’articulation des injures et des mots d’amour.
Le tambourinaire syncope une cadence trachéotomisée.

C’est l’incendie des baraquements. C’est la crucifixion de la cigale. C’est l’heure des braves et la minute vernaculaire.

La roubine refoule les rejets des chalutiers. Les mouettes transpirent un jus d’anchois et de seiche.

Je presse une contrition alanguie. J’essore le vent et les galets. Je file du glacier aux îles vierges. Des tortues antiques ricanent et m’envoient au Musée de l’Homme. Pour voir !

Regarde le rostre des libellules, regarde la grimace de l’araignée.
Déguste le suc gastrique de la couleuvre à collier.

Je gobe un œuf de flamant rose. Je croque des salicornes.

Oh ! les voltes fatiguées des chevaux dans le paddock, l’agacement de la palefrenière sur le fumier, la tourbe qui se raconte des histoires de chevalerie !

Le sable se souvient.

Le cagnard cogne.

Comme un plan de bataille avortée. Comme une chute de limaille sur les peaux renégates. Comme un cancer de l’os qui choisit la vertèbre.

Le cagnard cogne.
Et dzim ! et dzam !

C’est l’histoire d’un ventre qui dissout les cailloux, la pharmacie des pétoles de chamois et de l’arnica, la désertification des glandes à venin. Le salut de l’humain.

Que cogne le cagnard sur la crousille de l’estropié !
Que cogne le cagnard sur les coquilles d’œufs des lézards !

J’ai demandé au taureau, le taureau n’a pas voulu.
J’ai demandé au chevau, le chevau n’a pas voulu.
J’ai demandé au vélo, le vélo n’a pas voulu.
J’ai demandé au pied-bot, et je suis arrivé.
Bonjour, je suis en avance.

L’orthophoniste onomatopée sa fanfreluche. Elle échafaude son nombril de consonnes gutturales. Je lui dirai des râles d’amour et des ronflements.

Je pulse, j’expulse.
Je purge, j’expurge.
Je pire, j’empire.
Je t’empereurerai la houle sur la plage des couteaux et des vives.
Je t’Attila et Alexandre, mon amour.

Que cogne le cagnard sur la Carabosse et sa carabistouille !
Que cogne le cagnard sur les croquemitaines d’escarmouches !

Le plus beau poème est celui qui s’inscrit sur le sable les soirs de demi-lune, et que la marée efface et dissout dans le sel de la mer.

Implorons la mémoire des cœlacanthes !

Le plus beau des poèmes sèche et craquèle sous la canicule.
En attendant, la cervelle se met en danseuse sur son petit vélo.

Le cagnard cogne.

Le souffle, le sang.
Je ne bronche pas, je me bats.

Aucun commentaire: