Le cagnard cogne.
Comme une pluie de graviers sur le chien qu’on ne connait pas, sur le boumian qui sent l’ail, sur l’étrangère qui veut nous imposer sa marmaille.
Le cagnard cogne.
Et
dzim ! et dzam ! Comme une ligne électrique à haute tension qui tombe
sur le bétail, comme la lanière du fouet sur les peaux condamnées, comme la
bêtise sur une tige de coquelicot.
Le cagnard
cogne.
Je suis
couché sous la chorégraphie des pistons dans la salle des machines. Je ressens
des mouvements de pulsion dans mes tuyauteries. J’esclandre et je purge.
J’entends les détonations dans les clapets. Ça fume, ça siffle. Le diable a
fait fortune dans ces recoins. Je vocifère et je pêche. La mort remet sa petite
culotte.
Juste
après le moment précis de la bombe H, du grésillement du bombyx, de la frénésie
du bambou. Juste après l’iconographie des assassinats de taureaux, juste après
l’hydrométrie des larmes des chamelles, juste après l’épuisement des chattes
cancéreuses.
Le cagnard
cogne.
Pourquoi
ces relâchements ? Pourquoi ces mugissements ?
Des
enfants pissent contre les cyprès du cimetière. Des enfants crachent dans le
sens du vent. Des enfants piétinent les tomates destinées à la cantine.
Que cogne
le cagnard sur la cabosse des femmes rebondies !
Que cogne
le cagnard sur le caillebotis des anges !
La femme pacotille
a pendu son voisin aux baleines de son soutif. Elle collectionne les métacarpes
de ses amants pour en faire des pendants d’oreilles, qu’elle vend sur le marché
à touristes.
Des
monceaux d’envies d’amour s’évaporent de la plage. On a besoin de vent et d’un
peu de compassion. Un tourteau imbécile grince de la pince au passage d’une
naïade. Je lui promets une recette de rouille et de piments. La naïade se
déguste en agrumes. Et en papaye, le dimanche.
Que cogne
le cagnard sur le croupion du coq en coqueluche !
Que cogne
le cagnard sur la conque des femmes rétives !
L’orthophoniste
exerce l’articulation des injures et des mots d’amour.
Le
tambourinaire syncope une cadence trachéotomisée.
C’est
l’incendie des baraquements. C’est la crucifixion de la cigale. C’est l’heure
des braves et la minute vernaculaire.
La roubine
refoule les rejets des chalutiers. Les mouettes transpirent un jus d’anchois et
de seiche.
Je presse
une contrition alanguie. J’essore le vent et les galets. Je file du glacier aux
îles vierges. Des tortues antiques ricanent et m’envoient au Musée de l’Homme.
Pour voir !
Regarde le
rostre des libellules, regarde la grimace de l’araignée.
Déguste le
suc gastrique de la couleuvre à collier.
Je gobe un
œuf de flamant rose. Je croque des salicornes.
Oh !
les voltes fatiguées des chevaux dans le paddock, l’agacement de la
palefrenière sur le fumier, la tourbe qui se raconte des histoires de
chevalerie !
Le sable
se souvient.
Le cagnard
cogne.
Comme un
plan de bataille avortée. Comme une chute de limaille sur les peaux renégates.
Comme un cancer de l’os qui choisit la vertèbre.
Le cagnard
cogne.
Et
dzim ! et dzam !
C’est
l’histoire d’un ventre qui dissout les cailloux, la pharmacie des pétoles de
chamois et de l’arnica, la désertification des glandes à venin. Le salut de
l’humain.
Que cogne
le cagnard sur la crousille de l’estropié !
Que cogne
le cagnard sur les coquilles d’œufs des lézards !
J’ai
demandé au taureau, le taureau n’a pas voulu.
J’ai
demandé au chevau, le chevau n’a pas voulu.J’ai demandé au vélo, le vélo n’a pas voulu.
J’ai demandé au pied-bot, et je suis arrivé.
Bonjour, je suis en avance.
L’orthophoniste
onomatopée sa fanfreluche. Elle échafaude son nombril de consonnes gutturales.
Je lui dirai des râles d’amour et des ronflements.
Je pulse,
j’expulse.
Je purge,
j’expurge.Je pire, j’empire.
Je t’empereurerai la houle sur la plage des couteaux et des vives.
Je t’Attila et Alexandre, mon amour.
Que cogne
le cagnard sur la Carabosse et sa carabistouille !
Que cogne
le cagnard sur les croquemitaines d’escarmouches !
Le plus
beau poème est celui qui s’inscrit sur le sable les soirs de demi-lune, et que
la marée efface et dissout dans le sel de la mer.
Implorons
la mémoire des cœlacanthes !
Le plus
beau des poèmes sèche et craquèle sous la canicule.
En
attendant, la cervelle se met en danseuse sur son petit vélo.
Le cagnard
cogne.
Le
souffle, le sang.
Je ne
bronche pas, je me bats.
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