lorsque
je descends
la rue
pavée d’étoiles et de dégueulis de parulines, où glissent les hôtesses de la
bonne aventure, où se mirent les fauvettes de mai, où s’allongent parfois des
ventres luxuriants, où les fouines jouent à la marchande avec des tuyaux de caoutchouc,
où l’ivrogne pisse sa bière pour faire fleurir le réverbère
la
dérupe des comètes refroidies de promesses malheureuses, quand la ravine
charrie les chagrins et les écorchures, quand le géranium prend le car postal,
quand le feu d’artifice sent la merde et le chou, quand la république fait sous
elle, exténuée et no future
vers
la place de demi-lune, relavée de frais par une voirie colorée et
primesautière, décorée de lampions patriotiques désuets et trompeurs, article
un, tout partira en fumée, dérobée au passage des tramways sauvages et mal
peignés, claquemurée de panneaux de chantier annonçant l’ouverture prochaine d’un
mouroir à côté du fleuriste
lorsque je descends
je participe au
petit-déjeûner des bêtes de boucherie
j’assiste à l’équarrissage du service
public
j’assiste l’avocate-stagiaire à la
rédaction d’une plaidoirie inaccessible
je marie la tendresse au pied-de-grue
lorsque je descends
vers
la sagesse apprivoisée de caresses et de bons mots, où le myosotis pardonne le
coquelicot, où la feuille du calendrier sert de boutefeu à la folie, où le
partage d’un fruit ou d’un baiser s’accroche au protocole, où la pharmacologie
des insectes s’arroge le droit divin, où le dicton devient réclame
dans
le trou du souffleur, patience des borborygmes et des onomatopées, dortoir des
assassinats de cœur et de vengeances de cul, bouillon de culture des blancs,
des noirs et des trous, cache à biffetons, réserve pour la gnôle, lupanar du
taumaturge
dans
le caniveau des infamies et des abandons, quand les landaus dégorgent leur
trop-plein de pissats, quand les bidons de lait sèchent le ventre à l’air,
quand les mamelles retrouvent la liberté et la joie des caresses, quand la
culotte revient du bal trempée de sueur et de désir, quand le préservatif se
demande s’il a bien fait
lorsque je descends
je participe à l’émancipation
des sauterelles
j’assiste à l’autocritique des entomologistes bolchéviques
j’assiste la conférencière des atomes
crochus
je marie la quenouille au fil d’Ariane
je marie la quenouille au fil d’Ariane
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