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mardi 24 mai 2016

lorsque je descends 6

lorsque je descends

la rue pavée d’étoiles et de dégueulis de parulines, où glissent les hôtesses de la bonne aventure, où se mirent les fauvettes de mai, où s’allongent parfois des ventres luxuriants, où les fouines jouent à la marchande avec des tuyaux de caoutchouc, où l’ivrogne pisse sa bière pour faire fleurir le réverbère

la dérupe des comètes refroidies de promesses malheureuses, quand la ravine charrie les chagrins et les écorchures, quand le géranium prend le car postal, quand le feu d’artifice sent la merde et le chou, quand la république fait sous elle, exténuée et no future

vers la place de demi-lune, relavée de frais par une voirie colorée et primesautière, décorée de lampions patriotiques désuets et trompeurs, article un, tout partira en fumée, dérobée au passage des tramways sauvages et mal peignés, claquemurée de panneaux de chantier annonçant l’ouverture prochaine d’un mouroir à côté du fleuriste

lorsque je descends

        je participe au petit-déjeûner des bêtes de boucherie
       j’assiste à l’équarrissage du service public
       j’assiste l’avocate-stagiaire à la rédaction d’une plaidoirie inaccessible
       je marie la tendresse au pied-de-grue

lorsque je descends

vers la sagesse apprivoisée de caresses et de bons mots, où le myosotis pardonne le coquelicot, où la feuille du calendrier sert de boutefeu à la folie, où le partage d’un fruit ou d’un baiser s’accroche au protocole, où la pharmacologie des insectes s’arroge le droit divin, où le dicton devient réclame

dans le trou du souffleur, patience des borborygmes et des onomatopées, dortoir des assassinats de cœur et de vengeances de cul, bouillon de culture des blancs, des noirs et des trous, cache à biffetons, réserve pour la gnôle, lupanar du taumaturge

dans le caniveau des infamies et des abandons, quand les landaus dégorgent leur trop-plein de pissats, quand les bidons de lait sèchent le ventre à l’air, quand les mamelles retrouvent la liberté et la joie des caresses, quand la culotte revient du bal trempée de sueur et de désir, quand le préservatif se demande s’il a bien fait

lorsque je descends

      je participe à l’émancipation des sauterelles
      j’assiste à l’autocritique des entomologistes            bolchéviques
      j’assiste la conférencière des atomes crochus
      je marie la quenouille au fil d’Ariane

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