avec un quatre heures périmé
un trou à la culotte
et un chagrin d’amour
lourd comme une punition
je ramasse un marron
et un poème en miettes
le geste du lanceur de cailloux
un après-midi de congé
traverser la cour de justice
avec un classeur de reproches
un surplus de fiel
et un désir de vengeance
gros comme un baleinier
je ramasse une poignée de clous
et un poème en passoire
le geste du vannier
un matin de tribunal
traverser le carnaval
avec une bière fausse blonde
un talon cassé à la Guggenmusik
et la cervelle en exil
usée comme un pétard mouillé
je ramasse un confetti noir
et un poème en sac de billes
le geste du prince
un soir de bal nègre
traverser la bourse du travail
avec un salaire piétiné
un trou au syndicat
et un sentiment de haine
droit comme un piquet de grève
je ramasse un calicot
et un poème au poing levé
le geste du fléau
un matin de grand-soir
traverser le jardin des mémoires
avec des histoires cassées
un tacon à la corde
et des racines acérées
dans une chape de béton
je ramasse un almanach
et un poème en litanies
le geste de l’horloger
une nuit d’insomnie
19 octobre 2012
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