1440 minutes

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editions d'autre part

mercredi 15 avril 2009

le coq a chanté

la jeune fille balbutiait un allemand guttural
elle découvrait un autre land
une rivière de plaine, une bourgade, un préau
la liberté, la rencontre, les premiers pas
son sang a séché brun sur le carrelage de la salle de bain

que dire à la femme qui viendra nettoyer le carnage

il s’est glissé dans un trou de la balustrade
de la caillasse et de la ferraille
le hangar à plein vent
trois pieds de choux deux chicorées
un plant de valériane
au pied d’un tonneau
il a planté une pivoine blanche
à ses racines
trois serments deux promesses un secret
il a osé un sourire

quelqu’un a dit le coq a chanté une première fois

le jeune homme chantait en latin un hymne à la création
il traçait dans la neige un hommage à dieu
adieu prudence, adieu la vie
l’avalanche n’a que faire des âmes célestes
un corps est pris entre glace et neige dans le lac de montagne

que dire à l’employé d’usine qui purgera la conduite

elle a franchi le portail électrique
des containers et des ballots
le dépôt des ventes et celui des stocks oubliés
un luminaire dans un bureau
des hommes et des armes un matelas des billets
le plaisir est facile il suffit de payer
quand elle est repartie au matin
la radio a annoncé le coq a chanté pour la deuxième fois


la vieille dame psalmodiait une berceuse slave
elle flottait sur un nouveau printemps
cracher sur sa mère et langer son époux
le porto est refoulé par un ictus sévère
s’il n’était destiné à l’incinération son tibia ferait une bonne flûte

que dire à l’harmoniste qu’il lui manque un accord

ils ont rampé par le soupirail
d’abord la cave la glace vanille et le bordeaux
la cuisine les chips et la vodka
le salon la vidéo porno et le whisky
enfin la chambre les dentelles et le satin
vingt-trois ans à eux deux et autant d’innocences
une troisième fois le coq a chanté
plus fort que la sentence du juge

j’ai longtemps hésité
et j’ai reposé ma deuxième pierre


le jeune reporter enquêtait sur les lucioles et les feux follets
la trace longeait les aspergières et les rideaux de peupliers
cette nuit dira qui attire qui
pourquoi la lumière jaune est si vive et si forte
le gyrophare de l’ambulance est un bleu requiem

que dire à l’enfant de chœur qu’il n’est pas de résurrection

le coq a livré son dernier combat
il ne dira plus les trahisons et les remords

que dire aux amis
ma première pierre qu’en ai-je fait

le navet qui pourrit effluve le chef d’œuvre


15 avril 2009

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