1440 minutes

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editions d'autre part

jeudi 15 janvier 2009

et ma soif en pleine poire

un peu comme un millésime mis de côté
il n’y a pas de poussière sur l’étiquette
ce n’est pas du souvenir et c’est pourtant très ancien
c’était hier ce lent mouvement de coude et la rasade dans le gosier
il y eut des heures de doute et des minutes de tortures
il y eut des mois de sérénité et des semaines de querelles
il y eut des années d’oubli et des saisons de dangers
c’était hier ce lent mouvement de coude
il n’y a pas de poussière sur ma soif

mademoiselle
une goulée d’ivresse

un peu comme une vendange tardive
il y a de la pourriture noble
ce n’est pas du gâchis et c’est pourtant de la perte
c’était hier cette fulgurante décision et ce renoncement
il y eut des barreaux à limer et des herses à franchir
il y eut des pièges de miel et des pièges de sel
il y eut des ponts de cordes et des gouffres de soufre
c’était hier cette fulgurante décision
il y a de la pourriture dans ma quête

garçon
un pot des braves

un peu comme une fermentation qui dure
il y a une chanson dans le tonneau
ce n’est pas une syncope et c’est pourtant un rythme
c’était hier cette alarme et ce vacarme
il y eut des guitares sèches et des violons humides
il y eut des tambours et des appels de grosse caisse
il y eut un soupir et le glas du triangle
c’était hier cette alarme
il y a une chanson à boire

mademoiselle
un bol de solitude

un peu comme une décantation
il y a une effluve de promesses
ce n’est pas une haleine d’ivrogne et c’est pourtant une odeur
c’était hier cette transpiration et cet abandon
il y eut un bouquet et des fleurs qui se fanent
il y eut un arôme et des immortelles
il y eut la gerbe et des gerbes
c’était hier cette transpiration
il y a une effluve de lie

garçon
une pinte de bon sang

un peu comme une mise en bouteilles
il y a des rires pour les veillées
ce n’est pas sûr qu’on boira et c’est pourtant à boire
c’était hier cette sobriété subite et cette liberté enivrante
il y eut un tire-bouchon et du vin pour les sauces
il y eut un vin de noix et un vin de vacances
il y eut une ébriété ou deux mais chut
c’était hier cette sobriété
il y a des rires aigres

patron
l’addition

un peu comme le premier verre du matin n’arrête pas le pèlerin
il y a une lampée d’eau de source
ce n’est pas un désert et c’est pourtant l’oasis
c’était hier ce déluge et cette cascade
il y eut des refus et des fêtes
il y eut le vin des morts et l’eau bénite
il y eut l’avalanche et le torrent tari
c’était hier ce déluge
il y a une lampée d’eau ivre

patron
qu’on me rende mon pour boire

13 janvier 1989
13 janvier 2009
vingt ans d’abstinence
vingt ans de rires libres

patron
tu peux remettre une tournée

le navet qui pourrit effluve le chef d’œuvre

13 janvier 2009

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